Gilles Laffage, éleveur et comédien amateur « LE THÉÂTRE ME VIDE LA TÊTE »
Bien dans son métier d'éleveur, Gilles Laffage aime aussi en sortir en montant sur les planches.
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Cette fin d'hiver, avec ses collègues comédiens amateurs, Gilles Laffage a fêté vingt ans de « Théâtre au village » en montant une nouvelle comédie rurale Revenons à nos moutons. « La pièce a fait beaucoup rire, se félicite l'éleveur de Hauteroche (Côte-d'Or). 250 personnes se sont pressées dans la plus grande des huit salles des fêtes que nous avions réservée pour notre tournée. Le public s'identifie aux personnages joués par les comédiens du cru, apprécient les quiproquos, gags et jeux de mots. »
DOUBLE VIE
Toujours très attendue, la petite troupe se compose d'une quinzaine de comédiens, dont deux jeunes de huit et treize ans. Alors que la femme de Gilles fait la souffleuse, ses deux filles ont participé ou participent encore à la vie de la troupe.
Producteur de lait et de viande, l'éleveur de l'Auxois mène, depuis 1993, une double vie. « C'est mon fils Élie qui m'a poussé à créer la compagnie avec Damien, un voisin agriculteur. Il adorait faire le comique et raconter des blagues. » Le père et le fils avaient aussi envie d'animer les petits villages de leur région où commerces et cafés ont fermé depuis longtemps.
MATIÈRE VIVANTE
En se lançant dans l'écriture il y a une petite dizaine d'années, Gilles a ajouté une nouvelle corde à son arc. Pour ses scénarios, il s'inspire en partie de faits locaux et de l'air du temps. « La vie du monde rural et ses petits travers sont suffisamment riches pour fournir de la matière vivante. » Dans les six pièces qu'il a écrites, Gilles pointe avec humour les contradictions de ses contemporains. Jamais cruellement, toujours gentiment. En 2010, dans Demain, il fera bio, il se moquait ainsi des préjugés des uns et des autres sur l'agriculture biologique.
« L'écriture se fait en collaboration avec mon fils, précise l'agriculteur chaleureux. On écrit chacun sa pièce et on se corrige mutuellement. Élie amène la légèreté alors que moi, je fais plutôt naturellement dans le dramatique. » Chaque été, les Laffage disposent d'un mois et demi pour écrire leur nouveau texte, avant que les répétitions ne s'enchaînent le vendredi soir, de septembre à mars, entre 20 heures et 23 heures et que le décor se construise. « Il y a quelques années, nous avons reconstitué une vraie boucherie parisienne des années cinquante. Le décor, avec des saucissons confectionnés par un ancien professeur d'art plastique, était magnifique et le spectacle a "fait un tabac". »
MÉDICAMENT
Malgré les hauts et les bas de la vie d'une petite troupe, Gilles ne lâcherait la scène pour rien au monde. « Pendant le spectacle, les réactions du public nous donnent envie de nous dépasser. On se sent écoutés quand les gens rient. Le théâtre est un bon "médicament" pour tous. En rentrant sur scène, on oublie tout, même le mal de dos qui vous taraude dans la journée ! Les samedis, soirs de spectacle, on finit à minuit. Le lendemain matin, je me repasse la pièce en trayant les vaches. »
ANNE BRÉHIER
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